L’ALLIANCE DANS LE MARIAGE 1
ECC. 4,9,12

“Foi et Vie Réformées” vous a récemment présenté deux méditations sur le thème “sagesse et passion” appliqué au mariage à la lumière du livre des Proverbes, dans l’Ancien Testament. Le livre suivant, dans l’Ancien Testament, est le livre de l’Ecclésiaste, qui est aussi considéré comme faisant partie du même genre de littérature dans la Bible, c’est-à-dire la littérature dite de sagesse. Son but est en effet de transmettre une vraie sagesse aux hommes, sagesse inspirée de Dieu. Je souhaite continuer aujourd’hui et la prochaine fois la méditation que nous avons entreprise ensemble sur le thème du mariage, mais cette fois-ci à la lumière de trois extraits du livre de l’Ecclésiaste, aux chapitres 4, 9 et 12. Commençons par poser une question de base, et nous verrons comment le livre de l’Ecclésiaste y répond: où pouvons nous tirer la certitude que le mariage dans lequel nous nous engageons restera béni jusqu’à ce que notre compagnon ou notre compagne ne soit plus avec nous sur terre?

Lisons donc ensemble les versets 9 à 12 du chapitre 4 de l’Ecclésiaste, puis le verset 9 du neuvième chapitre, et enfin les versets 13 et 14 du chapitre 12, qui concluent le livre: “Deux valent mieux qu’un, parce qu’ils ont un bon salaire de leur peine. Car, s’ils tombent, l’un relève son compagnon; mais malheur à celui qui est seul et qui tombe, sans avoir un second pour le relever! De même, si l’on se couche à deux, on a chaud; mais celui qui est seul, comment se réchauffera-t-il? Si quelqu’un maîtrise un homme seul, deux peuvent lui résister, la corde à trois brins ne se rompt pas vite. (…) Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, pendant tous les jours de la vaine existence que Dieu t’a donnés sous le soleil, pendant tous tes jours de vanité; car c’est ta part dans la vie au milieu de la peine que tu te donnes sous le soleil. (…) Écoutons la conclusion de tous le discours: crains Dieu et observe ses commandements. C’est là tout l’homme. Car Dieu fera passer toute oeuvre en jugement, au sujet de tout ce qui est caché, soit bien, soit mal.”

Où pouvons nous tirer la certitude que le mariage dans lequel nous nous engageons restera béni jusqu’à ce que notre compagnon ou notre compagne ne soit plus avec nous sur terre? C’est la question que nous venons de nous poser. Alors que dans le monde tant d’hommes et de femmes entrent dans le mariage sans payer la moindre attention à la Parole de Dieu, ou bien invoquent son Nom comme une simple formalité, les trois extraits de la Bible que nous avons lus nous conduisent vers le thème suivant: le Dieu de l’Alliance crée une alliance entre l’homme et la femme. Une pensée très simple, certes, et pourtant si riche, et qui peut donner du repos au coeur des jeunes gens. Ces trois extraits nous amènent à nous poser une autre question: quelqu’un peut-il vivre tout à fait seul?

Amis auditeurs, l’Ecclésiaste est quelqu’un qui a médité pendant longtemps sur la question des relations humaines. Pour dire la vérité, le chapitre quatre du livre de l’Ecclésiaste ne parle pas spécifiquement du mariage, mais de l’existence et de la survie de l’homme en tant que personne sociale: les humains sont des créatures qui ne peuvent donner un sens à leur existence s’ils vivent totalement isolés. Écoutez ce que dit encore l’Ecclésiaste au chapitre 4: “J’ai vu encore une autre vanité sous le soleil. Voilà un homme seul sans personne d’autre, il n’a ni fils ni frère, et pourtant son travail n’a point de fin: même ses yeux ne sont jamais rassasiés de richesse. Pourqui donc est-ce que je travaille et prive mon âme de bonheur? C’est encore là une vanité et un souci malsain.” L’Ecclésiaste voit la misère des humains. Un peu plus tôt au cours du même chapitre il a vu la misère et la souffrance des opprimés, il a entendu leurs plaintes. Et toutes ces observations l’ont fait parvenir à la conclusion suivante: Dans la vie, il n’est pas bon d’être seul, sans amis, sans partenaires ou alliés. Bien sûr, lorsque l’on pense au mariage, on se rappele la parole que Dieu a prononcée au début de la Création, et que nous lisons au chapitre 2 du livre de la Genèse: “Il n’est pas bon que l’homme soit seul.” Mais alors le péché n’avait pas encore envahi toute la Création. Celle-ci n’était en quelque sorte pas totalement complète. Ici, l’Ecclésiaste s’exprime au milieu de toutes sortes de difficultés de la vie, et aussi au milieu d’une course insensée après la richesse. Il nous vient avec une observation positive qui peut aussi être comprise comme une recommandation: ne restez pas seul dans ce monde de péché; l’individualisme pur n’apporte aucun bonheur et aucune prospérité véritable. Faites-vous plutôt des amis, associez-vous avec des gens sur lesquels vous pourrez compter, des gens qui ne vous laisseront pas tomber. L’Ecclésiaste n’a pas peur d’aller à l’encontre de la tendance naturelle, lorsqu’il dit que la richesse personnelle n’est pas destinée à n’être utilisée que par soi-même, et qu’il faut au contraire la partager. Si vous ne voulez la partager avec personne, alors une grande misère personnelle vous attend, même si vous êtes l’homme le plus riche au monde. Alors que vous croyez être indépendant, alors que vous pensez que votre richesse vous protège du sort que connaissent les autres hommes, vous demeurez pauvre quant à votre humanité, vous n’êtes qu’une personne profondément insatisfaite.

Et voilà qu’au verset 12 l’Ecclésiaste emploie cette image merveilleuse de la corde à trois brins qui ne se rompt pas facilement: voilà une belle illustration d’une alliance confiante et solide entre des hommes. Chacun des trois brins est étroitement lié aux autres, si bien que le sort de chacun de ces brins est dépendant de celui des deux autres. Pensez un peu à des alpinistes dans une cordée. Les voilà attachés à la même corde. Chacun doit pouvoir compter sur le contrôle des autres sur cette corde. Chacun apporte sa contribution et a confiance que les autres en feront autant: c’est vraiment un acte de foi que de se trouver au-dessus de l’abîme, avec le vide au-dessous de soi, et pourtant d’avoir une telle confiance dans les autres alpinistes! Mais il en va précisément de même dans les relations profondes et honnêtes avec d’autres hommes: on se retrouve parfois dans des situations désespérées, ne voyant que l’abîme autour de soi et perdant tout sens de la perspective, jusqu’à ce qu’une personne que Dieu a placée sur notre chemin nous aide à y voir plus clair et nous permette de retrouver une perspective juste sur notre propre situation. Et de fait, l’Église est une communauté d’hommes et de femmes qui devraient pouvoir compter les uns sur les autres et porter leurs fardeaux mutuels: chacun est un membre du même corps et chacun regarde vers la même tête: Jésus-Christ qui par son Esprit unit et maintient ensemble son corps. Aucun croyant ne peut rester seul, nous avons tous besoin des dons et du soutien d’autres croyants, ainsi que d’une réelle communion avec eux. Or nous en arrivons maintenant au deuxième passage du livre de l’Ecclésiaste que nous avons lu ensemble, le verset 9 du chapitre 9: “Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, pendant tous les jours de la vaine existence que Dieu t’a donnés sous le soleil, pendant tous tes jours de vanité; car c’est ta part dans la vie au milieu de la peine que tu te donnes sous le soleil.” Ici nous pouvons relier la parole de Dieu en Genèse 2 avec ce verset: oui, même au milieu d’une dispensation de péché, où tout est vanité et disparaît, Dieu pourvoit d’une manière merveilleuse par un lien de soutien, d’amitié entre deux êtres humains: le lien du mariage, qui rend pour nous l’image de la corde à trois brins plus visible et concrète encore. La vie sociale ici sur terre commence avec ce lien particulier entre un homme et une femme que Dieu amène l’un vers l’autre. L’Ecclésiaste nous donne les caractéristiques les plus importantes de ce lien: jouissance et amour! “Jouis de la vie avec la femme que tu aimes” Dans le mariage il ne s’agit pas d’un lien social formel, contraint et forcé, mais qui doit être maintenu pour des raisons pratiques. C’est hélas si souvent le cas… Et tous ceux qui sont mariés devraient réévaluer leur propre mariage, car le danger est grand que ce lien d’amour et de jouissance ne dégénère en quelque chose de totalement différent. Dans ce lien de jouissance et d’amour, chacun des deux partenaires doit pouvoir trouver son compte: deux êtres différents qui n’ont pas nécessairement les mêmes dons ou sphères d’intérêt vivent maintenant ensemble, s’enrichissent mutuellement par leurs traits respectifs, mettent tout ensemble, et abordent désormais la vie en co-équipiers. Ainsi chaque couple livre sa couleur personnelle, exhale son parfum personnel, car l’alliance qui cimente chaque couple est unique au monde. Même s’il y a eu des millions de mariages avant le vôtre, le vôtre est unique, car il demeure la création unique de Dieu. Cette alliance, lorsqu’elle reconnaît Dieu comme son véritable auteur, revêt aussi bien un caractère de solidité et de stabilité, que de créativité. Car le Dieu qui la scelle dispose d’une capacité infinie à renouveler toute chose, les relations humaines y comprises. Il les fortifie et les enrichit lui-même, pour peu que nous placions notre confiance en lui et cherchions à refléter dans nos vies son plan souverain. Nous terminerons la prochaine fois, si vous le voulez bien, notre méditation sur le mariage comme alliance, à la lumière du livre de l’Ecclésiaste.