MARIS ET FEMMES, UNE IMAGE DE CHRIST ET DE SON ÉGLISE (1)

Le thème du mariage à la lumière de la Bible a récemment fait l’objet de quatre de nos méditations, chers auditeurs. Ce thème si central dans la vie d’un grand nombre d’entre nous mérite bien d’autres développements, et c’est la raison pour laquelle Foi et Vie Réformées souhaite à nouveau lui consacrer plusieurs messages. Après avoir médité sur quelques textes de l’Ancien Testament, tirés du livre de l’Ecclésiaste et du livre des Proverbes, je souhaite aujourd’hui vous présenter la perspective du Nouveau Testament sur le mariage, à partir d’un texte central de l’apôtre Paul: les versets 22 à 33 du cinquième chapitre de sa lettre aux Chrétiens d’Éphèse, que nous allons lire ensemble. Paul vient d’exhorter ses lecteurs à veiller avec soin sur leur conduite, non comme des fous, mais comme des sages: “Rachetez le temps, leur dit-il, car les jours sont mauvais. C’est pourquoi ne soyez pas sans intelligence mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur.” Puis il les exhorte à être remplis de l’Esprit de Dieu et explique les effets d’une telle plénitude dans leur vie quotidienne: entre autres, cela veut dire se soumettre les uns aux autres par révérence pour Christ. Par là, Paul indique que la souveraineté, l’autorité suprême appartient à Jésus-Christ et à nul autre. Personne ne peut jouer au dictateur ou au grand chef dans l’Église, qui est directement placée sous l’autorité de son seul Chef. De même, les maris ne peuvent jouer aux tyrans domestiques vis-à-vis de leurs épouses, car l’autorité suprême ne leur appartient pas, même si Paul compare la relation unissant maris et épouses avec celle qui unit Christ à son Église. Notez toutefois que cette recommandation de Paul a bien valeur d’autorité car en tant qu’apôtre, il a été envoyé spécialement par Jésus-Christ comme son porte-parole autorisé. Prêter attention aux paroles de Paul, équivaut à écouter le Christ lui-même, qui se sert de son serviteur Paul pour faire connaître sa volonté. Telle est la prérogative du ministère d’apôtre, prérogative qui ne peut pas être revendiquée par d’autres. Le message de Paul, inspiré par celui qui l’a envoyé, revêt donc la même autorité pour tous ceux qui, deux mille ans après sa rédaction, discernent la voix de Dieu dans ces recommandations. Écoutons donc avec révérence ce que Paul enseigne sur la relation entre maris et femmes: comment ceux qui sont remplis de l’Esprit vivent-ils cette relation? “Femmes, soyez soumises chacune à votre mari, comme au Seigneur; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église, qui est son corps et dont il est le Sauveur; comme l’Église se soumet au Christ, que les femmes se soumettent en tout chacune à son mari. Maris, aimez chacun votre femme, comme le Christ a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier après l’avoir purifiée par l’eau de la parole, pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tâche, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et sans défaut. De même les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Jamais personne en effet, n’a haï sa propre chair; mais il la nourrit et en prend soin, comme le Christ le fait pour l’Église, parce que nous sommes membres de son corps. “C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux deviendront une seule chair”. Ce mystère est grand; je dis cela par rapport à Christ et à l’Église. Du reste que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari.”Amis auditeurs, s’il est un moment dans la vie où l’on doit comprendre la volonté du Seigneur, c’est bien au jour de son mariage. Il s’agit bien alors de ne pas être sans intelligence. Non pas que par la suite on ait moins besoin de chercher à comprendre la volonté de Dieu, mais le jour du mariage constitue en quelque sorte le grand portail par lequel on pénètre dans une nouvelle phase de sa vie. Qu’il est remarquable de constater que la Bible nous invite à considérer ce grand portail en termes de mystère, d’un grand mystère même! Quelque chose qui signifie bien plus qu’un simple contrat social entre deux êtres. Voilà pourquoi nous avons besoin d’une intelligence spirituelle. Ceux qui se marient comme croyants, au milieu d’un monde qui ne connaît pas la volonté de Dieu et ne veut pas la connaître, cherchent la clé de la sagesse dans sa Parole. Pénétrer de cette manière par le grand portail que nous venons de mentionner, c’est déjà un signe de sagesse. Mais où précisément gît le grand mystère dont nous parle Paul?

Il gît dans l’amour que Christ a manifesté pour son Église, et qu’il continue de manifester lorsqu’il fait de nous une partie de son corps, qu’il nous communique dans le sacrement de la communion. Car lorsque nous acceptons Jésus-Christ par la foi, nous faisons partie de son corps spirituel, nous devenons un avec lui. Le sacrement de la communion tel que Jésus-Christ l’a institué en présence de ses disciples, est en effet un signe de notre incorporation spirituelle dans son corps. Paul dit clairement au verset 32 de notre texte que le grand mystère dont il est question, c’est notre incorporation en Christ. Il est donc remarquable qu’il décrive le mariage en termes de cette incorporation. Nous avons ici affaire à une analogie. Le rôle du mari est comparé à certaines caractéristiques de Christ dans sa relation avec l’Église, tandis que le rôle de l’épouse est comparé à certaines caractéristiques de l’Église dans sa relation avec Christ. Cela nous montre bien combien est saint, aux yeux de Dieu, le mariage, puisqu’il est décrit pour nous en de tels termes par l’Esprit de Dieu, au travers des paroles de Paul. Comment le mariage pourrait-il être décrit de façon plus élevée? Souvenez-vous également, amis auditeurs, de ce que dit au sujet du mariage le chapitre 2 du livre de la Genèse, au tout début de la Bible: l’union qui existe entre un homme et une femme vient de ce que Dieu a pris la femme de la chair de l’homme pour la former et la donner à l’homme, afin que les deux deviennent une seule chair, mais maintenant comme deux en un! Car lorsqu’Adam était un en un, cela n’était pas bon, dit Dieu lui-même en Genèse 2, verset 18. Voilà encore un grand mystère, que personne ne pourra jamais comprendre avec son intelligence naturelle. Aucune science naturelle, aussi avancée soit-elle, ne pourra jamais nous expliquer cela, car cela reste un des mystères du Dieu créateur dans sa manière d’agir. Mais cette description du mariage, comparé à l’incorporation de l’Église en Jésus-Christ, nous montre aussi que le mariage a quelque chose en soi qui reflète l’oeuvre de rédemption de Dieu. Nous expliquerons ceci plus en détails dans quelques instants.

Pourtant, tout cela n’est pas si facile à accepter. D’abord, dans bien des sociétés modernes, le mariage est une institution ignorée, décriée, et même en voie de disparition. Ensuite, à cause de la Chute de l’homme, du péché originel, le mariage apporte souvent avec lui bien des misères. Bien voir cela fait aussi partie de la sagesse dont nous avons besoin. Si nous pratiquons la politique de l’autruche, nous serons sans nul doute des gens stupides et non sages. Mais au milieu de notre état de péché, c’est-à-dire d’hommes et de femmes en rupture avec Dieu et sa loi parfaite, nous devons nous attacher à la pensée suivante: le mariage joue un rôle très important dans le plan de Dieu, et témoigne de son action rédemptrice. C’est pourquoi s’engager dans le mariage de manière responsable devrait être encouragé. Le réformateur protestant du seizième siècle Martin Luther écrivait à ce propos, il y a déjà cinq cents ans: “Les jeunes gens doivent donc prendre garde lorsqu’ils lisent les livres païens et qu’ils entendent la récrimination commune [contre le mariage], afin de ne pas se laisser empoisonner, car le diable n’aime pas la vie conjugale pour la bonne raison que celle-ci est l’oeuvre et la bonne volonté de Dieu. C’est pour cette raison qu’il a fait tant crier et écrire contre elle dans le monde, afin de dégoûter les gens de la vie divine et de les garder dans les filets de l’impudicité et du péché secret.” Luther écrit aussi: “Afin de ne pas errer comme les païens à l’aveuglette, mais de marcher chrétiennement, retiens d’abord fermement que l’homme et la femme sont l’oeuvre de Dieu. Ferme donc ton coeur et ta bouche; n’injurie pas son oeuvre et n’appelle pas mauvais ce que lui-même appelle bon. Il sait mieux ce qui est bon et utile pour toi, comme il dit en Genèse 2: Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je veux lui faire une aide à ses côtés.”

Mais, amis auditeurs, il nous faut comprendre plus en profondeur l’analogie que nous avons lue dans Éphésiens chapitre 5: comment l’oeuvre rédemptrice de Jésus-Christ vis-à-vis de son Église peut-elle nous éclairer sur la relation qui lie le mari à son épouse dans le mariage? “Femmes, soyez soumises chacune à votre mari, comme au Seigneur; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église, qui est son corps et dont il est le Sauveur; comme l’Église se soumet au Christ, que les femmes se soumettent en tout chacune à son mari”. Chères auditrices, voilà un passage de la Bible contre lequel on murmure beaucoup de nos jours, même dans les cercles chrétiens. Paul ne serait-il pas un peu dépassé ici? N’est-il pas prisonnier de préjugés hérités d’un système patriarcal? Ne faut-il pas légèrement corriger la Bible à la lumière des théories modernes de la psychologie ou de la sociologie? Si nous choisissons cette voie, alors il n’y a plus rien qui nous empêche de jeter par-dessus bord la soumission de l’Église à Jésus-Christ qui est l’autre terme de cette analogie. De même on peut tout aussi bien considérer que le commandement donné aux maris d’aimer leurs femmes comme Christ a aimé son Église, est vieux jeu, dépassé, et doit être remplacé par d’autres idées plus modernes. Et en effet, lorsque les Chrétiens empruntent cette voie, l’Église n’est plus fidèle à la Parole de son Seigneur et Sauveur. Nous verrons ensemble la prochaine fois quelle est la signification positive de ce commandement, et de sa contrepartie adressée aux maris. Restez donc à l’écoute de notre prochaine émission!