MARIS ET FEMMES, UNE IMAGE DE CHRIST ET DE SON ÉGLISE (2)

Le mariage à la lumière du Nouveau Testament, tel est l’objet de notre méditation aujourd’hui, qui poursuit celle entamée la dernière fois. Nos deux exposés sont intitulés “Maris et femmes, une image de Christ et de son Église”, et ils se fondent sur un passage de la lettre de Paul aux Chrétiens d’Éphèse, au chapitre 5. Relisons, si vous le voulez bien, ce passage sur lequel nous nous sommes penchés: “Femmes, soyez soumises chacune à votre mari, comme au Seigneur; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église, qui est son corps et dont il est le Sauveur; comme l’Église se soumet au Christ, que les femmes se soumettent en tout chacune à son mari. Maris, aimez chacun votre femme, comme le Christ a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier après l’avoir purifiée par l’eau de la parole, pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tâche, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et sans défaut. De même les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Jamais personne en effet, n’a haï sa propre chair; mais il la nourrit et en prend soin, comme le Christ le fait pour l’Église, parce que nous sommes membres de son corps. “C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux deviendront une seule chair”. Ce mystère est grand; je dis cela par rapport à Christ et à l’Église. Du reste que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari”.

Quelle est la signification positive de ce commandement, amis auditeurs? Nous avons vu la dernière fois que Paul avait exhorté ses lecteurs à se soumettre les uns aux autres dans la crainte de Christ. Ceci indique que dans l’Église, aussi bien que dans le couple, personne ne peut s’arroger une autorité ultime et définitive, laquelle n’appartient qu’à Jésus-Christ. Pensez un peu aux conséquences que ce principe divin aurait sur nos sociétés, s’il était appliqué dans le domaine du travail ou de la politique… Si toutes les personnes en position d’autorité vivaient et agissaient dans la conviction qu’elles ont des comptes à rendre à celui à qui toute autorité à été remise par Dieu le Père! La justice prévaudrait d’une autre manière ici-bas. Nous ne préconisons pas ici une sorte d’anarchisme basé sur l’idée sentimentale et fausse que les hommes peuvent se gouverner sans aucune forme d’autorité, et que toute autorité sur terre devrait être abolie du fait que Christ détient l’autorité ultime. Ce n’est pas du tout ce qu’enseigne Paul, puisqu’il demande aux Chrétiens de se soumettre aux pouvoirs publics, et aussi aux uns et aux autres dans la reconnaissance que Christ règne entre eux par son Esprit et sa Parole. Dans ces deux cas, comme dans celui qui nous intéresse, celui de la soumission de l’épouse au mari, Paul exhorte ceux en position d’autorité d’exercer celle-ci dans la soumission à une autorité supérieure, qui est celle de Christ. Notre manière d’exercer l’autorité qui nous a été confiée, doit refléter la manière par laquelle Christ gouverne, lui qui a été élevé à la droite de Dieu lors de son Ascension au ciel: service, justice et amour caractérisant cet exercice de l’autorité.

Revenons maintenant à l’exhortation de la soumission des épouses à leurs maris dans le passage de la lettre de Paul aux Éphésiens. Le réformateur du seizième siècle Jean Calvin commente comme suit le passage en question: “Paul entend un respect qui les rendes obéissantes; car il n’y aura jamais de sujétion volontaire, si le respect ne précède.” Voilà ou gît la clé de ce passage, amis auditeurs: sujétion volontaire. Si une telle sujétion ne se fait pas de manière volontaire, si elle est soit forcée soit hypocrite, alors elle n’a aucune valeur aux yeux de Dieu. Et ici nous sommes ramenés à la personne de Christ, qui est le chef, ou la tête, de son Église. De lui, le Fils de Dieu, nous savons qu’il est éternel, tout comme le Père ou le Saint Esprit. Une confession de foi de l’Église primitive affirme que le Père est tout puissant, que le Fils est tout puissant, et que le Saint Esprit est tout puissant, et pourtant il n’y a pas trois tout puissants, mais un seul. Cette confession dit aussi: Dans cette Trinité il n’y a ni premier ni dernier, ni supérieur, ni inférieur, mais les trois personnes ont une même égalité, et sont en tous points égales. Et pourtant, Paul écrit ce qui suit dans sa première lettre aux Chrétiens de Corinthe, chapitre 11: “Je veux cependant que vous le sachiez: Christ est le chef de tout homme, l’homme est le chef de la femme, et Dieu est le chef de Christ.” Comment Dieu peut-il être le chef de Christ, si tous deux sont également éternels et tout puissants? Cela ne s’accorde pas vraiment avec nos conceptions modernes sur la liberté, l’égalité et la fraternité… Et pourtant il existe bien une telle relation de chef, mais seulement sur la base de la soumission volontaire de Jésus-Christ au Père. Paul, toujours lui, écrit ce qui suit à ce sujet, dans sa lettre aux Chrétiens de Philippes, chapitre 2: “Ayez en vous la pensée qui était en Jésus-Christ, lui dont la condition était celle de Dieu, il n’a pas estimé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes; après s’être trouvé dans la situation d’un homme, il s’est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix.”

Épouses, vous êtes les égales de vos maris, vous n’êtes en rien inférieures à eux, mais si vous êtes remplies de l’Esprit de Dieu, comme Paul vous exhorte à l’être, vous serez à même de vivre une soumission volontaire à vos époux, tout comme Christ a volontairement accepté de se soumettre au Père, ou comme l’Église se soumet à Christ, son Seigneur et Sauveur. Certes, tout ceci demeure un mystère, en particulier la manière dont les trois personnes de la Trinité vivent un amour et une communion parfaites sans que l’égalité entre elles empêche la soumission volontaire du Fils au Père. Mais c’est par ce mystère que notre salut est opéré. Y croyons-nous, l’acceptons-nous par la foi? Dieu opère d’une autre manière, pas à la façon humaine. Quoi d’étonnant à cela? Vous serez donc à même d’offrir cette soumission volontaire, que Dieu approuve et demande de vous, comme une offrande de reconnaissance envers lui: car il vous a greffées en son Fils afin que vous viviez de la vie de Jésus-Christ. Vous trouverez un plaisir et une joie véritables dans l’accomplissement de son plan pour vous, quoiqu’en pense le monde autour de vous.

Mais venons-en maintenant aux époux: “Maris, aimez chacun votre femme, comme le Christ a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier après l’avoir purifiée par l’eau de la parole, pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tâche, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et sans défaut. De même les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Jamais personne en effet, n’a haï sa propre chair; mais il la nourrit et en prend soin, comme le Christ le fait pour l’Église, parce que nous sommes membres de son corps”. Maris, ne pensez pas un instant que cette analogie vous place dans la position de celui qui peut purifier son épouse de ses péchés. Ce n’est naturellement pas du tout ce que Paul veut dire ici. Seul Jésus-Christ, par son sang, a opéré la purification de nos péchés. Mais il est ici question d’une sorte d’amour qui va totalement à l’encontre des opinions du monde: un amour sacrificiel qui ne cherche pas son propre intérêt. Et le grand mystère que nous avons évoqué à maintes reprises au cours de notre méditation nous est réitéré ici. Car l’amour naturel d’un homme pour lui-même consiste d’abord à rechercher son intérêt propre. En particulier ce qu’on appelle “l’égo masculin” cherche très volontiers sa propre satisfaction. Il veut être servi, et non servir. Mais Paul nous indique une perspective toute différente: si vous voulez vraiment vous aimer vous-même, comme Dieu l’entend, alors il vous faut vous occuper de votre épouse et satisfaire à ses besoins. Rappelez-vous que Dieu, qui vous a appelé à devenir un avec votre femme, a fait d’elle votre propre chair, tant est profonde l’unité qu’il opère entre vous deux. Vous devez vous efforcer de la considérer toujours plus comme votre propre chair, afin que son intérêt devienne votre intérêt. D’un côté, par respect pour vous, elle ne doit pas développer des intérêts qui soient à votre détriment, de l’autre côté vous ne devez pas la négliger, car ce faisant vous vous négligeriez vous-même. Et si vous vous demandez encore ce que signifie ce statut de chef, ou de tête que vous avez reçu dans votre couple, rappelez-vous qu’à côté du respect que votre épouse vous doit, vous êtes appelés à suivre les traces de Jésus-Christ, qui a lavé les pieds de ses disciples, lui, le Fils de Dieu!

C’est de cette manière que le Dieu tout puissant opère petit à petit le processus d’unité dans le mariage des croyants. Cela n’arrive pas en un jour, ni durant la première année du mariage. Il y a des deux côtés une résistance contre le plan parfait de Dieu: les femmes refusent de se soumettre volontairement à leurs maris par respect pour eux, et les maris ne veulent pas aimer leurs épouses comme Dieu le leur enjoint. La vieille nature est à l’oeuvre, mais il faut continuellement lutter contre elle, sous la direction de la Parole et de l’Esprit de Dieu. En fait, nous ne voyons jamais ici sur terre l’accomplissement de ce processus d’unité. Néanmoins notre effort demeure agréable aux yeux de Dieu, car de notre côté cela reste l’expression de notre soumission à son plan, malgré l’imperfection de cet effort. Et un jour il nous montrera ce qu’il aura fait de notre mariage si plein de défauts et d’imperfections: lorsque prendront place les noces promises entre Jésus-Christ et son Église, nous verrons qu’il aura donné son plein sens à notre mariage, un sens dont nous n’avons pas la moindre idée ici-bas. Vous êtes vous déjà demandés, amis auditeurs, pourquoi le Seigneur Jésus a dit que le mariage tel que nous le connaissons sur terre n’existera plus après son retour? C’est justement parce qu’il laissera la place à cette noce éternelle entre Christ et son Église. Nos mariages, que Dieu est en train d’amener à leur accomplissement, servent maintenant de portail à la grande célébration nuptiale qui durera à toujours et qui nous remplira de la plus grande joie, sans qu’il soit nécessaire d’y ajouter quoi que soit d’autre. C’est bien dans ce sens que notre mariage présent est en relation étroite avec le plan de rédemption de Dieu, qu’il reflète. Cela aussi fait partie du grand mystère dont parle Paul.

Puisse cette perpective, amis auditeurs, vous éclairer sur le chemin de votre vie conjugale, et puissent vos pensées être toujours dirigées vers le but suivant: nous sommes sur terre avant tout pour glorifier le saint nom de notre Dieu.