LA VIE DE JOHN NEWTON
Marchand d'esclaves sauvé par grâce
1725 - 1807
Par Richard Hannula
Avez-vous entendu parler de John Newton ?
Je ne parle pas d’Isaac Newton, le savant mathématicien anglais, mais
de John Newton, né en 1725 et mort en 1807.
Et bien laissez-moi vous raconter en bref sa vie au cours de cette émission.
Je le fais en reprenant un récit publié dans la revue chrétienne québecquoise
Lumière sur mon Sentier.
L’auteur de ce récit est Richard Hannula.
Une terrible tempête agitait frénétiquement les eaux
glaciales de l'Atlantique Nord. Des vents de 130 km/h et des vagues de dix mètres
frappaient le navire marchand anglais Greyhound, qui risquait de
sombrer. Les voiles et les mats étaient détruits. L'eau déferlait sur le
pont chaque fois que les sommets des vagues venaient s'y écraser, projetant
plusieurs hommes à la mer. Les marins s'esquintaient désespérément aux
pompes, pour boucher les fuites.
John Newton, marin de vingt-deux ans, détrempé et frissonnant,
attaché à la barre, faisait tout ce qu'il pouvait pour que le navire garde
le cap. La peur de la mort le poussa à faire le point sur sa vie. Les souvenirs
de sa rébellion contre Dieu le remplissaient de désespoir, car il s'était
moqué de Dieu et l'avait maudit pendant des années. Je sombre, se disait-il
en lui-même, sous tout le poids de mes péchés, dans l'océan et dans l'éternité.
La vie de John Newton avait commencé dans le plus grand bonheur et s'annonçait prometteuse. Son père, capitaine au long
cours, était souvent au loin, mais sa mère le couvrait d'amour. Elle était
une chrétienne marchant fidèlement avec Dieu et elle remplissait le jeune
esprit de John d'histoires bibliques, de versets des Écritures et des chants
et des hymnes d'Isaac Watts. Elle lui disait souvent: Quand tu seras grand,
tu seras un pasteur fidèle, au service de Dieu.
Cependant,
alors qu’il avait sept
ans, la mère de Newton est morte, le privant ainsi des soins spirituels qu'elle
lui prodiguait. Peu après, son père s'est remarié. La belle-mère de Newton
s'intéressait peu à lui ou au Seigneur. La lumière chrétienne du foyer
disparut. John Newton, souvent laissé à lui-même, se lia avec les pires
vauriens du voisinage, troquant la foi de sa mère contre les blasphèmes et
les mensonges de ses amis. Newton détestait sa vie à la maison et à l'école,
il supplia alors son père de l'emmener avec lui en mer. À l'âge de onze ans,
John Newton commença à travailler comme mousse sur le bateau de son père et
s'adapta rapidement à la vie en mer ainsi qu'aux comportements mauvais des
marins. Après quelques années, il quitta le navire de son père et travailla
sur d'autres vaisseaux pour finalement aboutir sur un navire de marchands d'esclaves.
Sans la moindre pensée pour ces pauvres hommes, femmes et
enfants africains dont les vies étaient détruites par le commerce des
esclaves, Newton les mettait aux fers et les entassait comme des sardines, dans
les étages inférieurs, sous le pont, où beaucoup d'entre eux mouraient avant
même d'atteindre les rives du Nouveau Monde, à cause des conditions hygiéniques
exécrables et de la maladie. Il les considérait comme les autres marins les
considéraient: juste une autre forme de cargaison, telles que la canne à sucre
ou la cire d'abeille.
Au cours des ans, Newton devint un marin d'expérience et
un fauteur de troubles grossier. Méprisant ceux qui avaient autorité sur
lui, Newton composait des chants vulgaires qui ridiculisaient le capitaine et
le navire. Les membres de l'équipage remplissaient l'air de ces chants abjects.
Newton admit plus tard: Non seulement ai-je péché énormément moi-même,
mais je m'assurais de ne jamais rater une occasion de tenter les autres.
Les capitaines le détestaient. À cause de son
comportement, il fut fouetté publiquement à plusieurs reprises. Le dos de
Newton était mis à nu et ses mains et ses pieds étaient attachés à une
grille en bois. Une douzaine de coups ou plus déchiraient la chair de son dos,
jusqu'à ce qu'il s'écrase inconscient. A un certain moment, Newton quitta le
navire en Afrique pour échapper à un capitaine particulièrement cruel. Il
alla travailler pour un marchand d'esclaves qui finit par faire de lui aussi
un esclave. Quand il ne travaillait pas, Newton était enfermé et ne recevait
qu'une petite ration de riz et de poisson cru pour sa survie. Il craignait de
finir sa vie en tant que misérable esclave sur la côte africaine.
Le père de Newton, inquiet au sujet de son fils, demanda
aux capitaines de navire qui quittaient l'Angleterre de le rechercher. Le Greyhound,
qui longeait la côte ouest-africaine, rencontra Newton. Le capitaine lui
dit: Votre père se fait du souci pour votre bien-être. Vous êtes bienvenu
de vous joindre à nous et de retourner en Angleterre. Newton embarqua et
entreprit le voyage vers le nord, mais, peu avant d'arriver, des vents violents
se levèrent et la mer devint grosse.
C'est ainsi que Newton se retrouva attaché à la barre du
Greyhound sur le point de sombrer. Il se sentait aussi brisé que le
navire ballotté par la tempête. Mais c'est là que ses pensées se tournèrent
vers le Christ pour la première fois depuis bien des années. Il se demandait:
Christ est mort pour des pécheurs, mais pourrait-il pardonner mes péchés
qui sont si nombreux et si terribles? J'ai rejeté la vérité de Dieu que m'a
enseignée ma mère; peut-il me pardonner cela?
Quand son quart à la barre fut terminé et que la tempête
se fut un peu calmée, il trouva un Nouveau Testament et commença à lire.
Luc 11:13 l'inspira à mettre sa vie dans les mains du Seigneur: Si donc,
vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à
combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux
qui le lui demandent. Newton
se disait en lui-même: Si ce livre est vrai, la promesse dans ce passage est
vraie elle aussi. Dieu promet ici de donner l'Esprit à ceux qui le lui
demandent. Je dois, par conséquent, prier et si c'est de Dieu, il accomplira sa
Parole. En larmes, il pria pour
demander pardon et obtenir la vie nouvelle.
Le navire réussit à rester à flot et quand John Newton
atteignit de nouveau la terre ferme, il était un homme transformé. Il se
joignit immédiatement à l'Église, reçut la sainte Cène et fit le vœu de
servir Dieu. Newton étudia la Bible sérieusement, lut les meilleurs livres
chrétiens qu'il put trouver et développa des amitiés intimes avec George
Whitefield et d'autres dirigeants chrétiens.
Il ne fallut pas beaucoup de temps avant que Newton,
encouragé par ses amis, perçoive l'appel de Dieu au ministère pastoral. Il
passa les examens en vue de l'ordination de l'Église d'Angleterre et commença
à oeuvrer comme pasteur à Olney, une ville pauvre au nord de Londres. Il
disait: Le Seigneur m'a envoyé ici, non pas pour que je devienne un grand
orateur, mais pour gagner des âmes pour le Christ.
Ses soins remplis d'amour, ses prières, ses visites au
chevet des malades gagnèrent le cœur des gens de Olney. Il débuta une rencontre de prière
hebdomadaire au milieu de la semaine ainsi que des rassemblements le dimanche
soir chez lui. Bien que lui et sa femme soient sans enfant, Newton aimait beaucoup les
enfants. Je veux leur parler et leur expliquer les Écritures à leur niveau,
disait-il. C'est ainsi qu'il débuta des rencontres pour les enfants.
Ceux-ci aimaient énormément ses histoires passionnantes et les modèles réduits
de bateaux qu'il fabriquait avec du papier. Bientôt, plus de deux cents enfants
se rassemblèrent autour
de lui chaque semaine pour apprendre les choses de Dieu.
Newton avait des talents de poète. Il les mit à l'œuvre
et composa des centaines de cantiques. A
un moment, il écrivit un nouveau cantique
pour chaque rencontre de prière hebdomadaire. "Grâce
infinie", "Des choses glorieuses sont dites de toi" et "Combien
doux est le nom de Jésus à l'oreille du croyant" sont les plus aimés.
Il écrivit l'histoire de sa conversion à Jésus-Christ
qui devint un best-seller en Angleterre et aux États-Unis. Newton travailla
sans relâche à l'abolition de l'esclavage dans l'Empire britannique, écrivant
des tracts, témoignant devant le Parlement et inspirant des hommes d'État tel
que William Wilberforce à utiliser leur pouvoir pour mettre un terme au
commerce des esclaves. Sa notoriété et son influence grandirent, mais il ne
perdit jamais de vue qu'il était un pécheur sauvé par grâce. Sur son lit de
mort, il dit à un de ses amis: Je n'ai presque plus de mémoire, mais je me
souviens de deux choses: que je suis un grand pécheur et que Jésus-Christ est
un grand Sauveur. Il écrivit ces paroles qui furent gravées plus tard sur
sa pierre tombale:
John Newton, autrefois infidèle et libertin, marchand
d'esclaves en Afrique, fut, par la grande miséricorde de notre Seigneur et
Sauveur Jésus-Christ, préservé, restauré, pardonné et désigné pour prêcher
la foi qu'il avait si longtemps cherché à détruire.
John Newton mourut
à l'âge de quatre-vingt-deux ans. Sa vie remarquablement
transformée et ses cantiques de louange sont toujours aujourd'hui un témoignage de la grâce stupéfiante de
Jésus-Christ.